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DIAPHANE MONOCHROME RVB 01

Picardie Verte - Faire parler les murs

Ateliers avec des retraités du centre social de Marseille-en-Beauvaisis.

Journal de bord commun par Jihane Bergaoui, journaliste et Marc Loyon, photographe

Marc Loyon et Jihane Bergaoui, le 27.03.2024
Premier atelier

Ici, pas de chichi. Romain, l'animateur du centre social de Marseille-en-Beauvaisis, nous avait prévenu : après un petit café pour se présenter, on sort directement se balader. Nous rencontrons donc 8 retraités très actifs et motivés pour participer à notre projet autour de la mémoire. L'idée, c'est d'aller dans quelques villages identifiés en amont, retrouver des lieux importants, symboliques, parfois oubliés ou transformés... et laisser les souvenirs remonter. Reparler du passé, des ancêtres, de la vie quotidienne pas si lointaine. Avec beaucoup d'humour, et parfois un peu d'émotion, ils nous partagent histoires personnelles et anecdotes.

Nous prenons le minibus pour un premier arrêt à Saint-Omer-en-Chaussée, petit village dont sont originaires une grande partie du groupe. Nous allons voir l'ancienne laiterie, l'impressionnante gare de briques... Marc sort les appareils, certains commencent à prendre des photos. Paulette s'enthousiasme de découvrir une partie de son village qu'elle ne connaît pas. Nous échangeons autour des noms intriguants de certains bourgs. "Moi, je m'amuse à dire que je fais Saint-Omer - Marseille en moins de 30 minutes" me glisse l'un des participants.

Puis, Romain nous entraîne sur des petites routes et les séniors nous évoquent un tas d'histoires en nous pointant du doigt des choses à regarder à travers la fenêtre : "la maison du fantôme à droite", "le château du Comte" et autres batisses étonnantes.

A Blicourt, devant l'ancien café de ses grands-parents, Michel s'arrête. Il est venu avec des photos d'archives des années 30 et au micro, il nous raconte la joie qu'il a chaque fois de revenir devant ce lieu chargé d'histoire. 

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Marc Loyon et Jihane Bergaoui, le 10.04.2024
Deuxième atelier

L'atelier prend une nouvelle fois des airs de visite-guidée passionnante en Picardie Verte. Pour cette deuxième séance avec le centre social de Marseille-en-Beauvaisis, nous prenons la route avec un nouveau groupe de participants, ravis de nous montrer à leur tour un lieu important ou un site qu'ils apprécient. Dans le minibus, ça papote dans tous les sens. Et les séniors n'hésitent pas à proposer à Romain de "passer plutôt par la forêt" ou de prendre "telle route pour aller voir une grotte". On s'émerveille dans les villages d'Achy, de Lannoy, de Villepoix.

Pour notre premier arrêt "de travail", Annie revient sur ses souvenirs d'enfance dans une cour de ferme baignée de soleil. À Pisseleu, Jeannine tient à nous montrer l'école de son grand-père : « un bâtiment en brique typique de l'époque Jules Ferry ». Et René nous conduit devant l'ancien moulin de Roi-Boissy, qu'il a eu la chance de visiter à plusieurs reprises et qui abrite une "roseraie magnifique". Une après-midi pleine de douceur et d'histoires.

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Picardie Verte - Les randonneurs

Ateliers avec des randonneurs et amateurs de photographie

Journal de bord commun par Marc Loyon, photographe et Jihane Bergaoui, journaliste

Jihane Bergaoui et Marc Loyon, le 27.03.2024
Premier atelier

Pour rencontrer notre groupe de randonneurs, la journée commence par une toute petite balade entre le centre social rural et la maison du département à Songeons. Là-bas, nous prenons le temps de découvrir les amateurs de randonnées et de photographie, volontaires pour aller marcher avec nous sur les chemins de la Picardie Verte. Nous souhaitons nous laisser guider par leurs connaissances et leurs regards sur le territoire.

Chacun leur tour, chaque participant se présente, nous explique où il habite, les sentiers qu'il aime emprunter et le type de paysage qui peut l'inspirer. A nos côtés, il y a aussi Justin, du centre social rural de Songeons. Il est le référent précieux de cette aventure. Puis, nous présentons aussi notre démarche et le projet que nous allons imaginer tous ensemble. Pour habituer leurs oreilles à la prise de son, je leur fais écouter une balade sonore sensible. Et ceux qui le souhaitent prennent en main l'enregistreur et le casque pour de premiers tests. Marc leur montre ensuite une sélection de ses tirages pour expliquer sa façon de travailler, d'aborder les paysages.

Dans cette séance pleine de réflexion, nous ébauchons aussi les deux itinéraires que nous allons suivre lors de nos futures randos-photos.

Jihane Bergaoui et Marc Loyon, le 29.03.2024
Deuxième atelier

Rendez-vous au centre social de Songeons: Brigitte, Louisette, Marcelle et Justin l’animateur, m’attendent. Nous décidons d’aller vers Gerberoy, une balade classique du coin, mais cela nous permettra de faire un premier trajet d’une boucle qui dans un second temps, traversera la forêt domaniale de Caumont. Nous nous arrêtons souvent pour observer, échanger, admirant les paysages vallonés. Les échanges alternent entre patrimoine et technique photographique, nous insistons sur la lumière du moment: ciel gris avec quelques percées de lumière. Nous décidons de faire une halte à Gerberoy. Le village est calme. Nous entrons dans l’église, la collégiale Saint Pierre et remarquons de suite les pavés flammés au sol, et avons droit à une explication précise de Marcelle sur la fabrication de ce mélange de terre cuite. Une porte permet d’accéder à chaque box de bois, ceux-ci sont alignés et appartenaient aux familles locales. Nous poursuivons vers la Chapelle sous Gerberoy: son lavoir, l’ex maison de la famille Rouland, des souvenirs d’enfance me reviennent avec les facéties de cet animateur de télévision… Finalement, 3h de marche, bravo à tous! L’équipe se retrouve pour un café bien mérité!

Jihane Bergaoui et Marc Loyon, le 11.04.2024
Troisième atelier

Nous retrouvons notre équipe de randonneurs autour d’un café au centre social de Songeons avec trois nouvelles venues. Nous proposons de partir de Songeons et d’entrer dans la forêt domaniale de Caumont au nord de la D143. Nous avons à faire à un groupe de photographes motivés et très bien équipés!

Nous commençons par louper le chemin de randonnée, c’est bien parti ! Après un demi-tour de quelques minutes, nous nous préparons à une longue montée mais les arrêts sont fréquents pour parler technique, position du soleil, composition, contrejour, effet de la matière… La photographie et les interviews au micro sont un bon moyen de faire connaissance. Nous redescendons tranquillement sur Songeons avec une très belle lumière et un terrain très glissant!

Nous nous regroupons pour faire un point. La prochaine fois, rendez-vous à Omécourt. Marcelle et Louisette se chargeront de nous faire découvrir une randonnée qu’elles apprécient particulièrement, but essentiel de ce projet...

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Picardie Verte - Ecole de Daméraucourt

Ateliers avec les CE2-CM1-CM2 de l'école de Daméraucourt

Journal de bord par Jihane Bergaoui, journaliste

Jihane Bergaoui, le 25.03.2024
Premier atelier

Il était une fois une histoire de femme, de fusée miniature, de girafe et de cape à paillettes. Ça, c'était l'histoire de départ. Mais à la fin, il n'en restait plus grand chose. Dans le jeu du bouche-à-oreille, l'information se perd vite, se transforme et se déforme. Les élèves de CE2, CM1 et CM2 de l'école de Daméraucourt s'en sont vite rendus compte en se prêtant à cet exercice. Un petit test efficace et concret pour évoquer la rumeur et les "on-dit" auxquels on est tous confrontés. Même dans la cour de l'école.

Pour notre première rencontre, les élèves avaient surtout un tas de questions sur le monde des médias et le métier de journaliste. J'en ai retenue une qui m'a particulièrement fait sourire : "est-ce que vous pouvez allez en reportage partout ? Même sur la lune ?"

Dans cet atelier de sensibilisation, on a aussi essayé de comprendre comment on fabriquait une information, comment on la vérifiait en recoupant plusieurs sources. Des notions importantes pour notre futur projet d'écriture. Et puis, même s'ils sont encore petits, on a pris le temps de parler des réseaux sociaux et d'esprit critique pour essayer d'avoir quelques réflexes afin de trier entre le vrai et le faux.

      

     Bouche oreille 3

 

Jihane Bergaoui, le 05.04.2024
Deuxième atelier

Malgré la grisaille et la pluie, l'accueil est toujours aussi chaleureux dans cette petite classe de Daméraucourt. Les élèves sont ravis de me retrouver et de me détailler avec beaucoup de sérieux et de précision tout ce qu'ils ont retenu de notre premier atelier, notamment autour de la vérification des images. Les interventions avec cette classe sont particulières puisqu'il s'agit d'un projet commun avec l'école de Baudéduit, à une dizaine de kilomètres. Là-bas, Marc s'occupe du travail photographique avec la classe de CE1-CE2-CM1-CM2 de Fanny. Et nous avec les élèves et Marion, la maitresse, nous sommes en charge du récit : à nous d'inventer un format original pour que texte et images se répondent.

Nous avions évoqué l'idée d'une correspondance. Finalement, nous avons décidé de créer notre propre histoire en nous appuyant sur les photos prises par les élèves de Baudéduit. Marc avait déjà opéré un premier tri. Il ne nous en restait "que" 150 environ : nous avons pris le temps de les faire défiler, de réfléchir à ce qu'elles disaient ou pouvaient laisser suggérer...  Pour le moment, nous avons sélectionné une petite dizaine d'images, qui nous semblent cohérentes pour nourrir notre récit. Je découvre des enfants très inspirés, créatifs, certains passionés par les tracteurs, qui m'apprennent à différencier les machines agricoles. Grâce à toute leur imagination, un fil narratif croustillant commence déjà à se tisser... 

Reportage ecole Dameraucourt J2   Reportage ecole Dameracuourt J2 oiseaux

 

Jihane Bergaoui, le 09.04.2024
Troisième atelier

"Oh le temps est vite passé avant ton retour !" s'exclame ravie, l'une des élèves à mon arrivée. Les enfants sont toujours aussi charmants dans cette petite école, où le projet avance sereinement. Cette fois, place à l'imagination des enfants : ils sont répartis en 4 groupes et réflechissent à l'ordre des photos et l'histoire qu'ils ont envie de raconter. Ça gamberge, ça débat, chacun défend son point de vue mais finalement, au bout d'une bonne heure, chaque groupe propose sa version au reste de la classe. Les élèves sont attentifs, posent des questions à leurs camarades pour vérifier qu'ils ont bien compris. Leur imagination est débordante ! Dans chaque récit, on retrouve des éléments farfelus et croustillants : une espionne, un trou magique ou encore un mystérieux laboratoire. Mais je ne vous en révèlerai pas plus ici car l'histoire est encore en pleine fabrication !

Reportage ecole Dameraucourt J3 choix  Reportage ecole Dameraucourt J3 photos  Reportage ecole Dameraucourt J3 maitresse

 

 

 

 

Je me sens bien avec toi

Journal de bord par Philippe Garon, écrivain 

Samedi 13.01.2024
Le voyage commence dans un lit plein de chats. Mon lit. Notre lit. Le voyage commence avec le poids écrit petit petit des 1951 pages romanesques de ce bon vieux Reggie Ducharme, fantôme déjà de son vivant. Le fantôme qui ne gagna pas le prix de ce trou-de-cul d’Edmond Goncourt, mais qui, après 53 ans de misère, reçut par contumace les 30 000 piasses du Athanase-David. Le voyage commence par les mille kilomètres entre Bonaventure et Saint-Adolphe-d’Howard, dans la brève fenêtre entre une première tempête de trente centimètres et une deuxième du même acabit. Je me condamne aux travaux forçants, comme dirait, en farce, ma belle-mère. Je m’en vais me pelleter dans la belle grande page blanche de janvier. Écrire dans ma tête, au rythme des flocons excessifs. Encore l’Apocalypse selon Saint François de Sales, patron des journalistes. Le ciel nous tombe sur la tête à la vitesse de cinq centimètres heure. Jouqué sur la shed, je pousse en bas du toit ce gros nuage effoiré sur notre écoumène. J’enlève de sur ses épaules décaties la masse moelleuse de toute cette eau gonflée par le froid, pendant que le beau-père joue avec son tracteur, vroum-vroum, qu’il souffle les quelques trois cent mètres de chemin qui nous relient au canal asphalté de la 357, à la civilisation. Pendant que Geddy Lee chante dans mes oreilles, par cœur, la trame sonore de mes 20 ans, il y a 30 ans. Du chant en anglais, hélas, mais pas étatsunien au moins.

 

Dimanche 14.01.2024
Le plus dur dans le déneigeage d’une toiture, c’est quand tu pognes des clous de la tôle avec ta pelle traîneau. Comme t’as tendance à te prendre de l’air dans la pente en descendant puis que la poignée se trouve à la hauteur du bassin, tu finis tout le temps par te ramasser de vilains coups dans les gonades. Me voilà dans le ventre de YUL, l’aéroport Pierre-Elliot-Trudeau, « Pet » pour les ceusses qui, comme moi, n’affectionnent pas particulièrement le politicien notoire.
Me voilà dans le ventre de l’avion. Quelques instants avant l’heure prévue pour le décollage, je vois un visage connu remonter l’allée. Rouquine plus jeune que moi, elle s’assoit à ma gauche. Je cherche, je cherche dans ma mémoire. Elle parle à sa voisine de siège et je l’entends dire « Je m’en vais présenter un spectacle à Paris. »

- Hey! Mais je te replace! Je t’ai vue à Carleton cet été quand t’es venue présenter la pièce de théâtre d’Étienne Lepage!
- Oui… En fait, il l’a coécrite avec moi…

Alix Dufresne qu’elle s’appelle. La pièce qu’elle va jouer au théâtre Sylvia Monfort, c’est « Hidden paradise », la performance très physique basée sur une entrevue du philosophe Alain Denault, spécialiste des paradis fiscaux. Pour remplacer Marc Béland, Frédéric Boivin va lui donner la réplique. Le Freddo dont mes collègues des Femmes poissons, Anabelle Thériault, Cylia Themens et Stéphanie Pelletier me parlent avec le plus grand bien.

- Hum… J’aimerais ça aller vous voir.
- Tu vas être où?
- Albert en Picardie. Je pense que ça se trouve à environ deux heures de Paris.
- Quand même. Mais tu me diras. Je te garderai des billets.
- Oh! Je voudrais pas… Mais oui, ça serait gentil…

 

Lundi 15 janvier 2024
Fanny vient me cueillir à Charles-de-Gaulle en char. C’est le gros luxe, le traitement princier. Le GPS de son cellulaire nous guide dans le dédale pour sortir de l’aéroport international. Une fois bien en piste, direction Clermont-de-l’Oise, on papote. Une pie probablement pas aussi bavarde que moi prend son casse-croute sur le bord de l’autoroute.

- Faudrait en voir une deuxième, sinon, ça porte malheur.
- Quoi?
- C’est ma mémé qui dit ça. Elle connaît toutes les significations, les superstitions en lien avec les pies. Pour chaque nombre de pies, il y a une croyance différente.
- Hé ben! J’aimerais ça la rencontrer, ta mémé…

On arrive aux bureaux de Diaphane. Je dépose mes valises dans l’appartement et vais me délier les pattes. Ça fait drôle de retomber dans un lieu lointain et à la fois familier. En flânant, j’apprends que Georges Bernanos est passé par ici. « Sous le soleil de Satan », à mettre dans ma liste. Comme Roger Martin du Gard, prix Nobel pour son cycle « Les Thibault ». Semblerait qu’il en a écrit les quatre premiers volumes au 3, place de l’Hôtel de ville, ce qu’un panneau d’interprétation commémore.

Joie de déjeuner avec l’équipe de Diaphane. Le mari de Fanny, pâtissier devant l’Éternel, nous a concocté une galette. Et c’est Camille qui devient reine de l’Épiphanie, mais neuf jours à rebours. Elle se mérite son titre monarchique en mordant dans un joli petit santon de bonne femme. C’est mieux que moi avec ma Batmobile en argile, lorsqu’on a fêté les Rois chez nous avant mon départ… Je me rends à l’église Saint-Samson, toujours barrée. Définitivement, je ne pourrai jamais en voir l’intérieur et encore moins m’y asseoir un peu pour essayer de vacher en toute dignité. Je passe sous les sept siècles de la porte Nointel, arrive dans le parc du jeu de paume. Une vieille madame pousse son vieux bouledogue. Un chiot tout guilleret arrive, détaché. La vieille madame se met à engueuler le jeune maître du petit mignon. Et lui, plutôt que de prendre son trou et d’attacher son canin adoré avec sa laisse, il se met à discuter avec la madame, à insister, et ça n’en finit plus. Je m’éloigne dans la rumeur de leur chicane, direction forêt du Châtellier. Au début du sentier, je vois un monsieur pisser contre la muraille, un peu plus loin, sur la rue du tour de Ville. C’est chic! Voyons Clermont! Un peu de tenue! Je descends jusqu’à la fameuse villa Tisserand, belle bourgeoise de l’Oise, fierté stratégique de la guerre de 14-18. Deux minous montent la garde en se lavant fièrement sous la marquise. Mais là, le décalage horaire me rattrape. Je retourne en me traînant les pieds au QG de la rue de Paris.

- Je vais essayer de ne pas m’endormir, dis-je aux amies de Diaphane.

Échec total. Considérant le froid, je me réfugie sous les couvertures avec « La part de l’ombre » de Fernand Dumont. Dans lequel je n’avance probablement même pas de dix pages. Morphée m’assène un grand coup de batte de baseball en arrière de la tête. C’est la faim qui me réveille. Mais il est beaucoup trop tôt pour aller manger. Je discute un peu avec Adrien, le petit nouveau dans l’équipe, qui m’encourage fortement à visiter Amiens pendant mon séjour.

- Notre-Dame de Paris entre trois fois dans leur cathédrale!

Tout le monde part du bureau. J’attends l’ouverture du restaurant indien situé juste en face pour aller me sustenter. On me l’a tellement vanté. Et pour cause. Ça fait du bien. Dommage que je n’aie pas noté le nom du plat que j’ai commandé. Il faut vraiment que j’écrive tout…

 

Mardi 16 janvier 2024
De l’inconvénient de ne pas prendre de notes… J’aime écrire dans ma tête. Le hic : elle est pas mal moins fiable que le papier. Alors me voilà, deux semaines plus tard, à essayer de me remémorer de peine et de misère le fil de cette journée. Je me souviens quand même la grande nouvelle concernant Fred : il est nommé chevalier! J’aurais vraiment aimé l’adouber. En brandissant un syphon de toilette, désinfecté quand même, je m’imagine poser le célèbre geste de la collée en gueulant comme un putois : « En ce mardi 16 janvier de l’an de grâce 2024, par les pouvoirs que je me suis moi-même conférés, je te déclare solennellement, toi, Fred Boucher, chevalier du Chicon, au nom du pain, du fisc et du simple d’esprit, Ramen. » Mais comme il a un problème de chauffage à la maison, ce sera pour une autre fois… Je me souviens évidemment qu’Estelle est venue me conduire à Albert. Qu’on a rejoint Valentine au gîte de la rue Firmin-Lalliez, cette maison sise juste à côté du monuments aux Morts où l’on va habiter au cours des dix prochaines semaines. Je me souviens qu’Émilie est venue nous rejoindre et qu’on est ensuite allés manger tous ensemble à pied au Hygge, ce qui m’a permis de découvrir la mairie, impressionnante pour le gars de Ste-Anne que je suis, et la fameuse basilique. Servi par Mathieu (en mâchant bien l’accent d’ici, ça donne « Matcheu », ce qui peut ressembler à la parlure parfois rencontrée chez nous tout en me faisant penser au nain Athcoum de Blanche-Neige), donc servi par Mathieu, fort bien d’ailleurs, je risque de retourner là. Après? Je me suis promené un peu dans la froidure de la place pour découvrir les alentours et faire des commissions. J’achète entre autres de la chicorée pour slaquer un peu sur le café. J’aime beaucoup le centre culturel le Zèbre. À la médiathèque, je pourrai emprunter quelques recueils de contes traditionnels typiques de la région. Il ne me manque plus que ma carte d’abonné. « Je me souviens » est la devise du Québec. Une devise, c’est comme un totem chez les scouts. Ça cible une qualité à acquérir.

 

Mercredi 17 janvier 2024
Il tombe une sorte de grésil. Les écoles sont fermées. On va reprendre l’activité prévue à mon horaire un autre moment donné. J’en profite pour m’avancer dans mes autres engagements. Je prépare du pâté chinois. Valentine me dit qu’elle aime ça. On va bien s’entendre.

 

Jeudi 18 janvier
Heureusement que j’avais rien de prévu à l’horaire aujourd’hui. Il a neigé, puis pas à peu près. Ben, d’un point de vue Picard je veux dire. Du coup (faut bien que je prenne un peu les tics verbaux d’ici!), du coup donc, la circulation s’en trouve pas mal perturbée. Et on donne encore congé aux enfants. Malgré les conditions climatiques, Valentine veut explorer le secteur. Elle m’explique qu’elle possède des « chaussettes », qu’on pourrait installer sur les roues de sa fringante Renault pour éviter qu’elle ne glisse trop. Des chaussettes… Pour mes compatriotes québécois qui, comme moi, pataugent ici dans l’ignorance, ce vidéo va éclairer notre lanterne. J’arrive à placer ces patentes-là à peu près comme il faut. Et voilà ma camarade partie dans le soleil qui daigne nous donner signe de vie. L’après-midi m’invite à aller prendre l’air, moi aussi. Un peu partout dans la ville, on se lance des balles de neiges. Je passe par la gare, j’essaie de trouver le comptoir Emmaüs indiqué par Google Map pour me procurer un bicycle usagé. Hélas, on dirait bien qu’Internet m’a induit en erreur. Mais Thierry, le responsable du groupe d’enfants que je vais rencontrer à Bécordel-Bécourt, en bon samaritain, règle le problème en me prêtant le sien. Je le dis souvent; je suis un gars chanceux.

 

Vendredi 19 janvier
Valentine m’offre qu’on aille virailler dans les alentours en char. Une des chaussettes de la voiture a sacré le camp, mais celle qui reste devrait nous donner une chance. Avec le beau – 7 °C qu’indique le thermomètre de son tableau de bord, pas étonnant que la neige insiste. Et nous voici parti.e.s à l’aventure, direction, La Boisselle, pour voir le trou de mine, ou Lochnagar Crater. De généreux monticules de patates brisent ici et là le galbe des coteaux. Les arbres givrés, les paysages enneigés, tout ça confère une allure insolite à la contrée, qui éblouit ma collègue photographe. Oui, les fameuses chaussettes améliorent l’adhérence des pneus de sa Renault, mais je lui reconnais des talents d’as au volant. À mon avis, elle pourrait se débrouiller haut la main dans nos conditions hivernales d’outre-Atlantique. La trace de l’explosion qui marqua le début de l’offensive franco-britannique du 1er juillet 1916 impose le recueillement.

On passe ensuite par le cimetière militaire de Pozière, où reposent 14 657 soldats du Commonwhealt morts en 1918. Avant d’arriver à Authuille, on s’arrête et on voit au loin le mémorial de Thiepval; 72 244 noms sont inscrits sur ses piliers. Près d’Authuille se trouve aussi le Lonsdale cemetery, qui compte 1542 tombes. Partout, on voit des traces de le Première Guerre. En fait, si je sais compter, en Picardie, c’est au moins 332 cimetières de soldats allemands, français, américains ou du Commonwealth qui sont éparpillés sur le territoire. Sans compter les multiples monuments funéraires marquant des hauts faits, tragédies et autres bouts de vie à partir desquelles s’est tricotté ce grandiose gâchis.

Le soleil baisse. Suspendue au-dessus des champs de betteraves blanchis, une nébulosité dense capte la lumière. Valentine arrête ici et là pour capturer l’éphémère boréalité du panorama. Entre autres, à flanc de côte, elle prend de très loin ce qui ressemble à une petite harde de chevreuils. Je ne sais pas trop, je ne connais pas la faune d’ici. Mais je sais qu’il ne fait pas froid. Il fait frette! Ça gèle jusqu’aux boyaux. Avant qu’il fasse trop brun, elle m’amène dans le bout d’Étinehem-Méricourt. « Étinan », pour les intimes. Elle veut me montrer une anomalie qui pique sa curiosité. Là, sur le bord de la Somme, des cabanes abandonnées à travers les méandres paresseux. Une collection glauque de portes défoncées, de toits effondrés, de vitres cassées. On se croirait à Tchernobyl. Ici aussi, la nature reprend ses droits. En m’approchant de l’eau, j’en découvre une, complètement éventrée; à l’intérieur, du lierre étouffe un bol de toilette. Un peu plus loin, le pépiement d’un passereau qui ressemble à une fauvette; le minuscule oiseau se dérobe de moi en sautillant dans le feuillage qui encercle un cadre de fenêtre dénudé. Juste à côté, à la surface des étangs, des poules d’eau, des malards, une ribambelle en sauvagine. Quelques minutes plus tard, montés au lieu-dit du Camp de César, une volée de cygnes se pose dans les eaux glacées. Le promontoire nous donne une vue générale assez géniale sur les environs. De retour à la maison, je concocte des crêpes jambon-fromage. Ou un ragoût de souk? (Que nous appelons « ragoût de Pat » dans la famille, autant par boutade que pour reconnaître la paternité de cette recette à l’ami Patrick Dion.) Maudite mémoire… Comment je peux accomplir décemment mon devoir de mémoire envers les dix millions de morts et huit millions d’invalides de 14-18 si je n’arrive même pas à me rappeler ce que j’ai mangé il y a quelques jours à peine?

 

Samedi 20 janvier
Avec les routes enneigées, hors de question d’aller à l’écurie aujourd’hui. On va remettre ça à la semaine prochaine. Je lève les voiles vers Amiens. Mais ma journée ne se déroule pas comme prévu. Un coup sur place, je constate que la maison de Jules Verne est fermée jusqu’au 7 février. Alors je me promène sans trop savoir où me garrocher. Sauf que le froid commence à me fatiguer. Donc, en marchant au hasard des rues entrelacées, j’arrive devant le Musée de Picardie et j’entre. Je pourrai au moins me réchauffer. Oh! Je capote ben raide! Ils possèdent une collection de sculptures puis de peintures à se jeter à terre. Certaines pièces très impressionnantes, comme une des deux copies du « Radeau de la Méduse » de Géricault commandées par l’État, un Picasso, mais aussi une très belle interprétation du mythe de Médée par Charles-Alexandre Crauk, un angoissant « Christ tombé sous la croix » de Crespi, plusieurs réussites symbolistes, un rigolo « Petit serpent » d’Alain Séchas, et surtout, surtout, un formidable Saint-Martin de Pierre Lagarde. Bref, le genre de visite nourrissante.

Après, je me rends à la bibliothèque pour réserver ma place au spectacle du conteur Abbi Patrix, recommandé par maître Michel Faubert. En vain; c’est complet. Alors je me dirige vers l’immense cathédrale, un peu dépité. Très impressionnante, mais je me rends compte que j’aime mieux les petites églises. Puis il fait tellement froid! Alors je repars en me disant que je vais rentrer « à la maison » sans m’acharner. Mais juste à côté de la gare, je vois un cinéma. J’entre, d’un coup qu’ils proposeraient quelque chose d’intéressant. Et là, bingo! « Bonnard, Pierre et Marthe ». Parfois, le hasard fait bien les choses. Je réalise que c’est le même réalisateur que « Séraphine », que je veux voir depuis mon séjour à Clermont. Un gars à suivre.

Bon, j’ai faim! Il me reste du temps avant mon train. Je m’enligne sur la rue Noyon. Arrivé à la place René-Goblet, juste à côté de la statue du général Leclerc, je vois une affiche : L’Improviste. Voilà exactement ce qu’il me faut! Dès que je fais sonner mon accent, le charme opère, on me sert avec le sourire fendu jusqu’aux oreilles. Une version jazzy de « Every rose has its thorn » de Poison ambiance la place. Ça me rajeunit pas, ça. Mais leur carbonade de joue de porc au pain d’épices pommes grenailles confites me convient très bien. Avec ça, je vais pouvoir m’en retourner à Albert le ventre accoté, pour faire des beaux dodos. 

 

Dimanche 21 janvier
En ce jour de la mousse dans le calendrier républicain, dans la Belle province, on souligne le jour du drapeau. Il fait doux. Disparue, la neige. Avec Cyril, le chum à Valentine, on va à Péronne pour visiter le musée. Mais le musée est fermé. Bon, à cette date, c’est compréhensible. On reviendra. N’empêche. Qu’est-ce qu’on fait? Commençons par manger. Contrairement à ce que dit la serveuse, mon filet de sandre n’est pas un excellent choix. Seigneur que la sauce est salée! Sauf que je voulais attendrir un peu le poisson, vilainement sécotte. Mauvaise idée. Pas grave. Cyril mange comme un oiseau. Je peux terminer son assiette, qui est de loin meilleure que la mienne. Et la part de tarte tatin pour trois que Valentine commande aide à faire passer le tout. Ceci dit, après, qu’est-ce qu’on fait? Une petite marche aide notre digestion et nous mène jusqu’à l’église, très intéressante avec son plan carré. Et pour la première fois de ma vie, je peux monter en chaire. Le luxe! Joie! En face, une brocante attire notre attention. Et nous voilà dans une vraie caverne d’Alibaba. Ma fiancée capoterait, elle qui adore la vieille vaisselle. Mon fils, passionné d’artefacts militaires, itou. Je ne fais pas d’achats, même si un haut de forme me tente. Et une chaise berçante. Mais comme il faudrait prendre aussi sa sœur jumelle, et que la paire vaut 900 Euros, je peux oublier ça. N’empêche. Avec ça, on s’est gossé une sacrée belle journée.

Picardie Verte - Ecole de Hautbos

Ateliers avec les CE1-CE2 de l'école de Hautbos

Journal de bord par Marc Loyon, photographe et Jihane Bergaoui, journaliste

Marc Loyon le 14.03.2024
Premier atelier

Nous passons devant l’église avant d’arriver à l’école en bord de route. Elodie, l’institutrice, nous avait parlé de cette grotte Notre Dame de Lourdes, nous nous y intéresserons, c’est certain… Je fais connaissance avec les CE1-CE2 dans la plus petite classe des regroupements scolaires d’après Elodie. C’est vrai, elle est toute petite mais on ressent de suite beaucoup d’activités. Comme les autres classes, je leur parle de l’histoire du procédé photographique, on prend en main différents matériels. Je leur présente à suivre quelques images personnelles, nous parlons de composition, des différents plans, de la perspective, des lignes fuyantes, du point de fuite.

Ils sont tous impatients d’aller faire des photos, de sortir, il fait beau,… « on va bien s’amuser »,  Elodie, l’institutrice précise que c’est avant tout un atelier où il faudra se concentrer… Petite balade autour de l’école en passant par la marre, les canards sont bien énervés et se retrouvent photographiés sous toutes leurs plumes par le groupe bien motivé…

Nous passons devant une maison abandonnée, la maison hantée apparemment. Nous repassons devant l’école pour aller voir quelques cours de ferme, une nous attire particulièrement avec ses bâtiments que l’on voit depuis la cour de l’école: trois lieux à découvrir lors des prochaines sorties, la grotte, la maison hantée et cette ferme…

 

Jihane Bergaoui, le 28.03.2024
Premier atelier

Jusqu'ici, c'est le plus petit groupe d'élèves que je rencontre : 12 petites têtes déjà bien faites et pleines de questions pertinentes. Pour notre premier atelier, comme à chaque fois, je prends le temps d'essayer de décortiquer les notions d'information et de vérification des sources. Pour ça, rien de plus efficace que de les mettre en situation. Je leur explique par exemple que j'ai « entendu dire qu'Elodie, la maitresse, aurait été vue hier soir dans un magasin de Grandvilliers avec une star. Et pas n'importe laquelle : Kylian Mbappé ». Selon moi, si c'est vrai, c'est une info drôlement croustillante. Mais comment la vérifier ?

Les élèves ont les bons réflexes : sans se démonter, ils questionnent directement leur enseignante. Puis proposent d'aller sur place, à la recherche de témoins. Ou d'aller fouiller les réseaux sociaux pour retrouver des preuves photos de sa présence à quelques kilomètres de chez eux. Évidemment, tout cela est faux, ça n'est qu'un prétexte pour les faire réfléchir aux différentes façons de recouper ses sources. Mais Raphaël ne lâche pas le morceau et ajoute « de toute façon, comme c'est quelqu'un de discret, il ne serait pas allé dans le magasin. Il aurait plutôt utilisé le service drive. »

Enfin, pour amorcer notre prochaine séance, les enfants se familiarisent aussi avec le « zoom » poilu qui les fait bien rigoler : chacun leur tour, avec le casque sur les oreilles, ils écoutent leurs voix. Puis ils interrogent leurs camarades pour des interviews improvisées sur « ce qu'ils aiment dans la vie ? » ou « le métier qu'ils souhaitent faire plus tard ? ». Dès la semaine prochaine, ils l'utiliseront pour mener leur enquête sonore dans le petit village de Hautbos.

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Marc Loyon le 28.03.2024
Deuxième atelier

Pour cette deuxième séance, nous commençons par regarder leurs précédentes images mais rapidement, la météo commence à changer donc il est temps de partir réaliser les photographies. On se presse dans le couloir. Elodie, leur précise de nous attendre à la première gouttière! Nous sommes reçus dans une très belle cour de ferme par un agriculteur de 94 ans, 10 générations d’agriculteur depuis le 18ème siècle! Il nous autorise à faire quelques images, vues d’ensembles, détails de matières, silex à nos pieds…

L’averse arrive, le temps de s’abriter dans la classe et c’est reparti pour la grotte de Notre Dame de Lourdes. Certains passent tous les jours sur cette route mais ne se sont jamais arrêtés… Les enfants courent dans tous les sens pour rentrer, je leur précise de faire attention aux appareils photos, et de bien mettre la dragonne à leur poignée. On me précise que la « draguette » est bien autour du poignée, euh la dragonne…

L’après midi se termine entre le gâteau d’anniversaire de Brian, et la préparation pâtissière d’Elodie, chacun repartant avec leur nid de Pâques: surprise empaquetée avec leur prénom…

 

 

Jihane Bergaoui le 02.04.2024
Deuxième atelier

Pour cette nouvelle séance, pas de temps à perdre : nous avons moins d'une heure pour préparer la toute première interview de notre enquête sonore autour de la grotte de Hautbos. Jean-Pierre Toutain, 93 ans, agriculteur à la retraite, ancien maire et mémoire du village, vient à l'école pour répondre aux élèves. Elodie, l'institutrice, a déjà commencé à préparer le terrain avec eux et à lister les questions au tableau. On les répartit, on répête. Avec beaucoup de concentration, Raphaël tient le rôle du journaliste-preneur de son. 

D'emblée, Jean-Pierre Toutain nous dit qu'il est ravi de revenir ici puisque puisqu'il a été lui-même élève dans cette école. Il prend le temps de répondre à toutes les questions des journalistes en herbe. Grâce à des photos d'archives, il nous révèle même un scoop sur l'histoire de la grotte. Mais pour l'entendre, il vous faudra patienter encore quelques semaines, le temps que l'on poursuive notre travail d'investigation autour de ce lieu étonnant, à deux pas de l'école.

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Reportage ecole Hautbos J2 grotteson

 

Jihane Bergaoui le 11.04.2024
Troisième atelier

Le programme est à nouveau très chargé pour cette nouvelle session avec les CE1-CE2 de Hautbos. Nous entamons la séance avec l'écoute du pré-montage de l'interview de la semaine dernière : les élèves ont posé des questions pendant 25 minutes à Jean-Pierre Toutain, ancien maire du village. Et résultat, il n'en reste pour l'instant plus que 6 minutes. Nous échangeons sur l'importance de couper, de sélectionner, de garder les informations les plus importantes, les plus précises. Mais les enfants sont surtout ravis - ou intimidés-  de réentendre leurs voix.

Nous préparons ensuite de nouvelles questions pour les deux personnes qui acceptent de répondre à notre enquête : Danièle, une habitante du coin, venue avec des photos d'archives de 1947 et la maitresse de la classe d'à côté, qui se demande bien "pourquoi il y a une grotte à Hautbos" ? 

Grâce à ces trois témoignages, les petits journalistes comprennent que les différentes versions se complètent et qu'on ne peut vraiment pas se contenter d'une seule source.  Et les ateliers ont l'air de porter leurs fruits...puisque deux élèves me confient vouloir devenir journalistes !

 S3 montage hautbos

Marc Loyon le 11.04.2024
Troisième atelier

Ravi de retrouver ce petit groupe toujours très motivé. Dans un premier temps, les enfants me racontent leurs rencontres avec Mr Toutain et Danièle, et leur maniement du micro avec Jihane. Je leur présente leurs images et leur précise que nous devons faire un complément de photographies donc sortir faire des photos…

Je sens de suite leur motivation de sortir se promener autour de la grotte du village. Nous notons les compléments d’images que nous devons apporter (panneau, matière, vue générale…). Je prends seulement quatre appareils et en pose deux sur pied! Ils adorent voir cet appareil fixe, manier la rotule et le porter!

Ils prennent leur temps à la recherche d’un point de vue, sont attentifs au cadre. Le travail devient plus collectif autour de cet appareil monté sur pied. On repère, on cadre, on se déplace à trois… Trois élèves me raccompagnent à ma voiture avec le matériel, « nous sommes de vrais professionnels avec tout ce matériel… »

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Picardie Verte - Ecole de Grez

Ateliers avec les CM1-CM2 de l'école de Grez

Journal de bord par Marc Loyon, photographe

Marc Loyon le 14.03.2024
Premier atelier

L’école se trouve au centre de la commune près d’une marre, on peut y voir quelques tortues me précise un élève. Le bâtiment est typique des architectures classiques des mairies, bâtiments communaux du 19ème, façade particulièrement intéressante avec ses briques et son entrée. Comme les autres classes, je leur parle de l’histoire du procédé photographique, nous prenons en main différents matériels.
Nous évoquons la pratique avec un laboratoire portable que j’emporterai en mai pour réaliser des prises de vues de végétaux… Je les sens perplexe mais je suis certain que cela les impressionnera! Je leur présente à suivre quelques images personnelles, nous parlons de composition, des différents plans, de la perspective, des lignes fuyantes, du point de fuite.
Pause avant d’aller faire des photos, c’est le moment pour une partie de foot mixte… Barbara, l’institutrice, nous fait passer par la marre, une grange magnifique, le tour de l’aire de jeux, des maisons et portails colorés bordent notre parcours.
Le soleil est au rendez-vous avec l’évènement de la matinée: de nombreuses grenouilles malheureusement écrasées sur la route entre la marre et les habitations...

Marc Loyon le 28.03.2024
Deuxième atelier

Nous sommes contents de nous revoir, j’entraperçois leurs sourires quand j’arrive, signe d’une ballade matinale dans la commune. Nous insistons sur le fait de photographier cette fois-ci les espaces naturels, les arbres, la végétation, notre regard sera tourné vers le végétal. Direction le cimetière et un petit chemin sur la droite avec une allée bordée d’arbres en lisière de champs. Ils saisissent de suite l’ambiance d'un contre jour, vont dans le détail d’une écorce, prennent des risques en positionnant leur boitier à ras du sol dans les jeunes pousses du champ. Barbara, leur institutrice, s’aperçoit qu’ils sont beaucoup plus attentifs à leur cadre, leur choix de point de vue. Ils sont impatients de voir leurs images projetées sur grand écran… Le résultat est à la hauteur du risque: nous visualisons plusieurs images moins descriptives que l’atelier précédent, nous parlons de la difficulté de certains photographes du 19ème siècle à se faire reconnaitre comme artiste! J’apporterai un laboratoire portable la prochaine fois avec ma chambre photographique, l’occasion de se glisser derrière le voile noir pour apercevoir cette image inversée dont nous parlons depuis quelque temps…

 

Jihane Bergaoui, le 28.03.2024
Premier atelier

La journée est bien chargée pour ce groupe que je retrouve en début d'après-midi : le matin, Marc les a emmené en balade-photo sous les éclaircies et les bourrasques de vent. Mais la fatigue ne les arrête pas et les élèves me posent un tas de questions sur mon métier : mon souvenir de premier reportage, le nombre de pays visités ou encore la « plus grande star » que j'ai pu interviewer...

Et puis, à mon tour, je les questionne sur leur rapport aux médias, aux réseaux sociaux... et à la façon dont on peut essayer de vérifier une information ou une rumeur. Je leur projette des images en leur expliquant l'histoire : à eux de me dire si c'est vrai ou faux. Et surtout, pourquoi ? Un exercice concret pour essayer de leur faire comprendre qu'une photo peut être vraie mais qu'on peut aussi lui faire dire tout et n'importe quoi.

 

Jihane Bergaoui, le 05.04.2024
Deuxième atelier

Pour entamer cette nouvelle séance, nous nous attardons d'abord sur la Une du "Petit Quotidien", un chouette journal pour les 6-10 ans. L'objectif ici est de comprendre comment elle est construite mais surtout d'aborder la fameuse règle des "5 W" des journalistes afin de donner des informations précises à nos lecteurs. Nous préparons aussi notre reportage de la semaine prochaine : une balade à Grez, autour de l'école, avec un animateur environnement. Mais pas question d'y aller les mains dans les poches : ensemble, nous préparons une jolie liste de questions à poser à notre invité. Et puis, pour "dédramatiser" l'exercice de l'interview et manipuler le micro, la maitresse répond à toutes leurs interrogations. On y apprend qu'elle adore les maths, qu'elle a d'abord été comptable et qu'elle rêve de vacances en Italie. Une mise en situation concrète et rigolote pour ces petits journalistes en herbe. 

Reportage ecole Grez J2 large Reportage ecole Grez J2 questions Reportage ecole Grez J2 itw

Marc Loyon le 11.04.2024
Troisième atelier

Nous devons choisir nos images. Le moment important du métier de photographe: choisir et écarter certaines photographies. Commencer à imaginer une série, des réponses et liens entre les images… tout un programme que les élèves prennent au sérieux: ils rapprochent les thématiques, détails, vues générales d’arbres, fleurs, nature…

Nous écartons les images trop descriptives et décidons de nous attacher à la lumière et donc à l’ambiance. Plusieurs votes à main levée débutent sur des images qui prêtent au débat! C’est animé et nous choisissons 17 photographies et 2 polyptyques (de 6 et 8 images). Pause et foot endiablé!

Je leur montre un test de mise en page au format A3 de leurs photographies, nous abordons le vocabulaire spécifique. Les élèves connaissent déjà certains termes, vus avec Barbara lors d’un travail précédent. C’est l’heure d’aller à la cantine, nous attendons patiemment le bus en file indienne, le temps d’échanger…

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Jihane Bergaoui, le 11.04.2024

Troisième atelier

Après deux séances de sensibilisation à l'information et de préparation à l'interview, c'est enfin le jour J : les élèves se confrontent au terrain et à l'exercice phare du métier. A leur micro, Michel Méline, animateur environnement passionné et passionnant. Les journalistes en herbe lui posent d'abord toute une série de questions en classe autour de son métier, de son association Corrélation ou encore des plantes « typiques » de la Picardie Verte.

Puis, c'est l'heure de la balade nature. A peine sortis de l'école, notre guide nous arrête sur le terre-plein de gazon, juste en face. Dans ce paysage du quotidien, il tient à montrer aux enfants toutes ces petites plantes qu'on voit tous les jours et qu'on écrase sans vraiment y prêter attention : pâquerette, pissenlit, plantain. « Des plantes comestibles ». Les élèves s'étonnent, certains s'apprêtent à les goûter. « On n'est pas des lapins » précise-t-il en souriant. « C'est comme les pommes de terre, on croque pas dans celles qu'on ramasse dans les champs. Les plantes, ça se lave, ça se prépare, ça se cuit ». On évoque des recettes de confiture de pissenlit ou de gâteau chocolat-ortie. Ca arrache des cris de dégouts pour certains... Pourtant, l'ortie, c'est la plante préférée de Michel Méline. Les enfants grimacent, certains sont encore en train de se gratter après en avoir touché. Mais il insiste : « l'ortie a mauvaise réputation alors qu'on peut la manger ou qu'elle peut nous soigner. On devrait tous en avoir dans nos jardins  ». 

Nous poursuivons notre découverte dans une partie du tour de ville de Grez. L'animateur environnement nous parle des haies vives, de l'aubépine bonne pour la santé, du lierre qui peut faire « une excellente lessive ». Une interview riche en informations, pour tenter de déconstruire certaines idées reçues autour des plantes.... et qui – je l'espère - infusera dans les têtes des élèves. 

Reportage ecole Grez J3 plantain  Reportage ecole Grez J3 balade  Reportage ecole Grez J3 ortie

Reportage ecole Grez J3 pointe  Reportage ecole Grez J3 plante collante


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